samedi 29 novembre 2014

Miribel-Jonage vu par un Vélo'V

Samedi 22 novembre, station Tonkin-Allende.

C'est sur le coup des 11h qu'une grande paire de cannes m'a enfourché et je ne m'attendais pas à une telle virée lorsque, la selle ajustée, nous avons pris la direction du parc.
Moi qui suis un habitué des mornes tours en long et en large dans le quartier de la Tête d'Or, j'ai cru au début que c'était reparti pour un énième épisode du lyonnais en manque de verdure ou du touriste croyant découvrir ici le coté romantique de la ville.
J'ai remarqué aussi que le n°4787 me suivait de très près et que c'est en binôme qu'on allait s'activer les pédales.
J'ai commencé à me réveiller lorsque l'on a quitté la Cité Internationale et que, plutôt que de prendre à gauche comme dans 95% des cas, les mains qui me guidaient me poussèrent vers la droite des berges du Rhône. La dernière fois que j'avais pris cette direction c'était exactement le 14 septembre 2011 alors c'est vous dire comment j'étais excité de cet impromptu dans mon emploi du temps.

La Cité Internationale

J'étais tout heureux de revoir le parc de la Feyssine, de remonter le Rhône devenu ici déjà plus sauvage..
Je commençais à me sentir fier d'être là car, à part le 4787 à mes cotés, aucun autre compère en vue, uniquement des VTT, VTC, des vélos au long cours, ceux que l'on sort pour un grand voyage.
A partir de là, j'ai compris que j'allais vivre le rêve de tous mes collègues lyonnais : aller jusqu'au lac de Miribel-Jonage -dit le Lac aux Eaux Bleues- et peut-être même en faire fièrement le tour.
Je connaissais déjà le lac par le récit qu'en avait fait le n°2702 qui s'était vanté de sa sortie pendant au moins un mois...



Les gambettes qui m'actionnaient ne semblaient pas vouloir quitter cet itinéraire de la Via Rhôna -c'est le nouveau nom que j'ai pu lire sur les pancartes- et après la traversée du canal sur un pont gigantesque, il a fallu encore ronger mon frein avant d'arriver à l'endroit rêvé, la plage des Eaux Bleues. Ici une pancarte indiquait Genève à 236 km et la mer à 362 km...



A la plage du Fontanil, les pédales se sont calmées un moment et j'ai pu enfin découvrir le Bora-Bora lyonnais, les eaux turquoises, les plages de sable fin, l'endroit idéal pour une pause bien méritée pour ma carrosserie bien bringuebalée  et pour les jambes qui m'avaient amené ici, jambes qui se sont dirigées vers une camionnette blanche et réclamer 2 sandwichs aux merguez et un paquet de chips.

La roue du 4787!

C'était agréable d'être libre et non pas attaché à la borne d'une station, sans antivol, sans trafic autour de nous, juste les effluves de merguez et l'air vivifiant du grand large!
Enivré par cette atmosphère, je me suis mis à rêver de Genève et de ces 236 km qui m'y auraient emmené... Mais je sais bien qu'avec mes 25 kg et mon forfait 24h, je ne suis pas de ceux qui partent pour la grande aventure du cyclotourisme, je suis un Vélo'V lyonnais, condamné à être fixé dès ce soir à une nouvelle borne.

Plage du Fontanil

Pendant cette pause j'ai pu associer un visage aux longues jambes qui m'activent, ce sont 2 demoiselles, des copines sans doute, et elles appuient à nouveau sur les pédales, prêtes visiblement pour faire les 10 km autour du lac. Plus j'avance, plus je me sens transporté dans les pays nordiques, plein de petits îlots sur ce grand lac (île des Castors, île des Peupliers, île des aigrettes...), un vent frais, une belle lumière bleue, des oiseaux en pagaille cachés dans les grands joncs.

Espace Nature des Grandes Vernes

Le soleil tape et crée un miroir sur l'eau sculptée par le vent du Sud. J'ai quitté Lyon depuis un moment, ici je découvre mon Eldorado, je voudrais que les pédales s'arrêtent et qu'on me laisse là pour des jours entiers, j'ai besoin de vacances, j'en ai ras le guidon des virées dans les rues encombrées du Grand Lyon. J'ai beau rêver à haute-voix, les demoiselles vont bon train comme si elles étaient pressées de me rendre à la station la plus proche! 

C'est moi!!








 Les 2 demoiselles en question


Alors je salue le lac une dernière fois tout près de la plage de la Baraka, nous passons le Gué. Le rythme du retour est plus lent, le vent semble freiner notre course, on fera même une pause près d'une écluse car mon collègue 4787 est au point mort! 
Encore 2 km avant le Parc, je lis sur une pancarte, à moins que la balade se poursuivre sur les quais plus au Sud.
La Cité Internationale est en vue, on bifurque sur la gauche et quittons les quais définitivement et je comprends vite en voyant la station 6035 que la course est finie et que c'est là que je vais reprendre ma morne vie de Vélo'V...
Le grande me raccroche d'un clic bien sonore, me tapote la selle d'un geste amical et s’éloigne. Le 4787 subit le même sort. Il est 15h.

J'ai 30 km de souvenirs fabuleux dans les rayons, je m'assoupis pour poursuivre le voyage, je ne sais pas encore si je veux le garder pour moi ou si je veux étaler l’événement, je verrai ce soir lorsque tout le monde sera rentré au bercail. 
Merci aux filles pour le merveilleux voyage, nous ont-elles déjà oubliés ou continuent-elles de rêver avec nous?
Je rêve depuis au moins 10 min lorsque je me sens tiré en arrière de façon énergique, c'est reparti...

Vélo'v n°9712, station Cité Internationale- Palais des Congrès

D'où je vous écris cette bafouille...